Dossier
Patrimonialiser l’habiter : quels usages deviennent-ils patrimoine ?
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Pour citer cet article :

HADBI Ryma, « Faire patrimoine / Faire projet à l’Abbaye,. la Capuche et Jean Macé Trois cités HBM grenobloises au devenir contrasté », dossier « Patrimonialiser l’habiter : quels usages deviennent-ils patrimoine ? », 8 janvier 2020, www.reseau-lieu.archi.fr/a50

Faire patrimoine / Faire projet à l’Abbaye,
la Capuche et Jean Macé Trois cités HBM grenobloises au devenir contrasté

Par  HADBI Ryma
Urbaniste, doctorante à l’École d’Architecture de Grenoble et membre de l’équipe CRESSON (UMR Ambiances, Architectures, (...)

Résumé
Le projet de recherche que je vous présente interroge ce qui fait patrimoine dans trois cités HBM de Grenoble construites dans les années 1920-1930 : les cités de la Capuche, l’Abbaye et Jean Macé.
À l’origine similaires dans leur contexte de construction, ces dernières ont connu des transformations différentes : la Capuche a été rénovée en 1980, Jean Macé a connu une démolition-reconstruction en 2008 avec la conservation d’un seul bâtiment et à l’Abbaye le projet de réhabilitation d’une partie du bâti et la démolition-reconstruction d’une autre partie se débat toujours dans le contexte du projet de renouvellement urbain du quartier. Pour cela, on s’appuie sur l’hypothèse que ce qui fait patrimoine dans ces cités articule trois valeurs patrimoniales : valeur historique, valeur d’usage et valeur de renouvellement (Amphoux, 2015). Ce qui est primordial dans cette démarche c’est la valeur que l’on accorde aux habitants et à leurs attaches car c’est dans la parole des habitants que l’on retrouve les représentations diffuses ou expressives qui articulent ces trois valeurs patrimoniales. Elles permettent de donner une reconnaissance à des éléments qui à première vue ne sont pas toujours perçus comme un héritage commun qui sans cesse évolue, intègre des mutations, des ruptures et des changements. C’est en résumé, décaler ce qui fait patrimoine des objets vers les personnes qui habitent le lieu et qui le pratiquent.
Cette recherche aspire à proposer une démarche d’étude pour penser les mutations d’un lieu en tenant compte du vécu des habitants et de la singularité de chaque lieu en lisant dans le passé et le présent « ses gènes » (Torres, 2016, à propos de P.Geddes) afin qu’il puisse se renouveler. En partant du principe que le récit des usages et des pratiques, les mémoires individuelles et la mémoire collective dans ces cités sont imprégnés d’émotions qui manifestent l’attachement des habitants à leur quartier, la charge émotionnelle investie dans ces éléments compose de façon plurielle le récit du lieu. L’attachement montre qu’il y a une qualité, une valeur investie dans l’objet, dans l’histoire, dans le lieu en question. Cela implique qu’il y a des attaches, des liens qui se nouent, se dénouent au fil du temps entre les habitants et les lieux. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire, dans ce travail, d’articuler la notion d’attachement et de patrimoine afin de faire émerger une piste d’entrée décalée sur la représentation de ce qui fait patrimoine pour faire projet tout en gardant les qualités humaines d’un lieu par la transmission de la mémoire urbaine comme bien commun entre les anciens et les nouveaux habitants.
La démarche méthodologique entreprise vise à prendre en compte la particularité de chaque cité et - à partir d’une base commune - s’adapter au fur et à mesure de l’avancement de la recherche, avec l’ambition principale de mobiliser à la fois la dimension sociale, sensible et construite. Ce protocole est, en partie, déjà expérimenté à l’Abbaye (Hadbi, 2017) et il dévoile une multiplicité d’éléments qui font patrimoine dans ces anciennes cités ouvrières en révélant la nature et l’intensité de l’attachement des habitants à leur cité.

Image : Cité Jean Macé,10 octobre 2018, Grenoble, photographie personnelle.

Bibliographie
—  AMPHOUX Pascal. TIXIER Nicolas, 2015, Passages augmentés – Patrimoine de demain. Traversées urbaines, la marche, le récit et le numérique. Programme Exploratoire Premier Soutien.
—  CHOAY Françoise, 1992, L’allégorie du patrimoine, Paris, Éditions du Seuil.
—  HADBI Ryma, 2017, Le patrimoine ici, c’est nous. Quartier de l’Abbaye, Grenoble, Mémoire de master 2 mention recherche, Grenoble : Institut d’Urbanisme de Grenoble. Adresse  : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01561715/document
—  HATZFELD Hélène, 2015, Regards décalés sur des patrimoines silencieux, Boulogne-Billancourt, Éditions ateliers H. Dougier.
—  HEINICH Nathalie, 2012, « Les émotions patrimoniales  : de l’affect à l’axiologie », Social Anthropology, vol. 20, n° 1. Adresse  : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1469-8676.2011.00187.x/abstract
—  RAUTENBERG Michel, 2003, La rupture patrimoniale, Grenoble, Éditions A la croisée.
—  SANSOT Pierre, 1994, Poétique de la ville, Paris, Éditions Méridiens-Klincksieck.
—  TORRES ASTABURUAGA Adrian et al., 2016, « Mémoire du futur, from old roots to new shoots. Patrick Geddes in India (1914-1924) », Espaces et sociétés, n°167/4.

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