Colloque international
Les ruines de la patrimonialisation #1
Novembre 2014

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Organisateurs : Alessia de Biase (LAA/Reseau LIEU), Margareth da Silva Pereira, Rafael Winter Ribeiro (Universidade Federal de Rio de Janeiro/Reseau LIEU), Véronique Zamant (LAA/Reseau LIEU).

Depuis deux ou trois décennies le phénomène de patrimonialisation concerne des objets de plus en plus divers à de multiples échelles. Beaucoup d’efforts scientifiques, artistiques, économiques et politiques sont mis en œuvre pour acquérir certains labels – dont celui de patrimoine mondial – qui non seulement influent sur cette possibilité de reconnaissance trans-culturelle, mais ont aussi des effets concrets sur les cultures elles-mêmes. Le nouveau régime de visibilité patrimoniale joue à la fois sur les constructions identitaires, favorise l’accroissement voir l’arrivée du tourisme, influence sensiblement le prix du foncier et aussi le profond changement de la population locale. Certaines pratiques collectives tendent alors à disparaître tandis que d’autres s’instaurent, dans un mouvement qui crée des secousses ou, franchement, les re-signifie.

L’objectif des “Ruines de la Patrimonialisation” est d’entamer une archéologie de territoires patrimonialisés en portant l’attention sur les “ruines” laissées par les processus de labellisation des villes. Cette démarche suppose d’emprunter à l’archéologie sa capacité d’interroger les ruines, qui ne peuvent être lues ou considérées en tant que telles que dans le présent – lieu spécifique où se jouent la reconnaissance du passé et, en puissance, celle du futur.

En considérant que ce sont les survivances lues aujourd’hui qui sont réactivées, c’est dès lors un potentiel enfoui qui est toujours réinventé. Les objets patrimoniaux seront ainsi regardés de manière « rapprochée », pour en extraire les traces d’une quotidienneté qui est en train de se dérouler, qui a été perdue et qui sera.

Cette approche par articulation des échelles renvoie inévitablement à la méthode indiciaire. Il s’agira en effet de faire attention aux détails, matériels et immatériels, qui peuvent nous faire comprendre ce que la labellisation laisse, oublie, abandonne, transforme et engendre.

Les “Ruines de la Patrimonialisation” se dérouleront en deux temps de réflexion, à Rio de Janeiro et à Paris. Ils permettront de mobiliser l’effort de discussion sur ce qui dans les discours et les pratiques patrimoniales est perçu comme « sauvé » tout en étant à la fois ce qui transforme et banalise une économie locale, promeut des destructions de quartiers informels, ou encore transforme radicalement les pratiques. Raconter ce que la labellisation laisse sur les territoires, quels territoires elle produit et donne en héritage, sera le sujet de ces rencontres.