Dossier
Habiter la patrimonialisation : être citoyen ?
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Pour citer cet article :

Canova, Nicolas, Landel, Pierre-Antoine, « La culture territoriale en question. L’hypothèse de l’engagement citoyen dans la structuration du lien espace, patrimoine, société », dossier « Habiter la patrimonialisation : être citoyen ? », 1er février 2017, www.reseau-lieu.archi.fr/a1

La culture territoriale en question
L’hypothèse de l’engagement citoyen dans la structuration du lien espace, patrimoine, société

Par Nicolas Canova, Pierre-Antoine Landel
Docteur en Géographie, Nicolas Canova est chercheur au LACTH et enseignant en ville et territoire à l’Ecole Nationale (...)
Maître de conférences, Grenoble Université - IGA. (...)

Résumé : Alors que la culture devient un champ d’études privilégié pour questionner les dynamiques territoriales, la notion de « culture territoriale » apparaît dans de nombreux discours. Pourtant, elle reste un concept impensé des sciences sociales. Pour contribuer à mieux clarifier sa signification, nous proposons avec cet article de cumuler nos expériences de recherche sur les projets patrimoniaux afin d’en donner une vision actualisée. Ce lien entre culture et territoire se décrit comme une relation dialogique entre deux sphères : la culture englobante et la culture englobée. Ici, la culture territoriale émerge dans un équilibre instable régi par l’espace-temps du projet, entre histoire longue et action contemporaine. Elle se présente à la fois comme une ressource locale et comme un construit actoriel qui légitime l’action collective.

Abstract :

Since culture became an ideal field of research to address the territorial dynamics, the notion of “territorial culture” appeared many times in the territorializing rhetoric. Yet, it remains an unexplored concept of social sciences. In order to better integrate its signification, this paper intends to draw concurrently from our research experiences on heritage an updated vision of this notion. Therefore, this connection between culture and territory is described as a dialogical relation linking two spheres : the encompassing and the encompassed cultures. Territorial culture rises in an unstable balance governed by the project’s time space, somewhere in the long history and sometime in the contemporaneous course of action. It offers a rallying resource for development purposes but it also shows as a construct to justify collective action.

L’observation des dynamiques territoriales souligne la place croissante de la culture dans la construction des projets de développement (Saez, 2005) ; et spécifiquement ceux impliquant le patrimoine (Bonerandi, 2005). Même si son poids a tendance à baisser dans un contexte de tension budgétaire, elle reste mobilisée par l’ensemble des niveaux de collectivités, au titre de l’attractivité des territoires, mais aussi du renforcement des liens sociaux et identitaires. Son rôle dans la traduction de l’engagement citoyen n’est alors plus à démontrer. Ainsi, si la thématique, dénommée généralement par l’appellation floue de « culture et territoire » a vu fleurir nombre de travaux participant au « cultural turn », parler de culture territoriale reste délicat tant dans le domaine de la recherche que dans le monde de l’action (Janin, Grasset, 2009). Peut-on définir la culture territoriale, au-delà de la culture du territoire qu’imposent les concours de la fonction publique, comme un état de la culture dans un territoire, la partie émergente de ses attributs culturels ou une tentative d’expliquer la contribution de la culture dans le processus de territorialisation ? Cette culture participe-t-elle à ou est-elle un indicateur de la construction de nouvelles formes de citoyenneté ?

Pour répondre à ces questions, nos recherches nous ont mené à considérer que, lorsqu’elle est mobilisée dans un projet, la culture n’est que rarement définie en tant que telle, mais fait référence à des actions et des acteurs impliqués dans un processus de développement plus large. Elle oscille ainsi entre un mode de justification de l’ancrage territorial du projet, c’est-à-dire une représentation du territoire à l’origine d’un imaginaire géographique, et une ressource spécifique mobilisée pour le projet plus concrètement. Cette perspective pose selon nous un problème de lisibilité : en contexte de projet, la culture se reformule en même temps qu’une autorité la divise. Elle est sans cesse réajustée dans sa définition, rendue plus malléable par les acteurs du projet qui n’en mettent en avant que la partie qui les intéresse. Et le doute d’un lien d’authenticité entre territoire de projet et culture nous renvoie à notre problématique : quid de la culture « territoriale » ?

Notre positionnement se base sur la place stratégique occupée par la culture dans la notion de projet. Inscrite dans un « compromis entre le possible et le souhaitable » (Boutinet, 2001) la culture « territoriale » prendrait naissance dans l’articulation efficiente entre un problème de départ, un horizon à atteindre et la stratégie mise en œuvre pour les relier. En questionnant la façon dont des acteurs territorialisés mobilisent des ressources pour atteindre ces objectifs d’articulation, nos travaux nous amènent à poser la question de l’implication citoyenne dans la redéfinition de la culture « territoriale ».

Parmi les dynamiques culturelles, les processus de patrimonialisation occupent une place particulière. Un processus de construction patrimoniale s’engage dès l’instant où les objets sont sélectionnés à la lumière des valeurs qui y sont associées et des potentialités qu’ils recèlent. Cette mise en évidence des objets peut résulter d’une découverte, dénommée alors « invention », en ce sens qu’elle résulte d’un processus de recherche intentionnel. Ce processus s’estompe pour faire place à la constitution d’un patrimoine qui relève « moins de l’ordre symbolique et culturel hérité que de délibérations, de choix collectifs, en quelque sorte d’un ordre plus juridique ou plus politique. Un objet n’est plus patrimonial par nature, mais parce qu’il est proposé à cette fin par des sujets qui en conviennent » (Greffe, 1999). L’objet patrimonial transmis par les générations antérieures fait l’objet d’une sélection par ceux qui le reçoivent et en deviennent titulaires à l’issue d’un processus d’appropriation, qui traverse l’ensemble du processus de patrimonialisation. Nous émettions l’hypothèse initiale que ce processus de sélection qui prend différentes formes (invention, démolition, conservation, restauration, exposition, valorisation) (Landel, 2007) résulte d’une mise en débat des objets patrimoniaux par les sociétés locales. À côté des différentes formes d’expression citoyenne, elle constitue une forme d’engagement spécifique, qui mérite d’être analysée. La question est de savoir quelle est cette culture spécifique qui, dans notre posture constructiviste, celle de la pratique actorielle, correspond le mieux à l’espace-temps du projet territorialisé. Ce dernier s’inscrit dans un contexte de transformation de l’action publique, à un moment où « il s’agit moins de produire et de répartir des équipements, que de gérer des problèmes plus diffus, tels que l’exclusion sociale ou les atteintes à l’environnement » (Duran et Thoenig, 1996). C’est dans ce contexte que nous définissions la territorialisation comme la capacité à définir localement les modalités d’un projet résultant d’une coordination entre des acteurs différenciés engagés dans un débat citoyen. Ce processus conduit à la production et la consommation de cette culture spécifique que nous proposons de qualifier de « territoriale ».

Notre matériau de recherche est issu d’un corpus de Pôles d’Excellence Rurale (P.E.R.) rhônalpins mobilisant le patrimoine. Il nous a permis d’élaborer l’hypothèse d’une culture territoriale duale dont les formes ont par la suite été testées sur le grand bassin minier du Nord-Pas-de-Calais dont la patrimonialisation montre l’hétérogénéité territoriale.

1. (Re)Penser la notion de « culture territoriale »

« L’approche de la culture commence quand l’homme ordinaire devient le narrateur, quand il définit le lieu (commun) du discours et l’espace (anonyme) de son développement » disait Michel de Certeau (1980). C’est ce postulat qui nous incite à soulever la question de l’existence d’une construction culturelle propre au projet. Autrement dit, ce qui est définissable comme « culture territoriale » serait constitutif d’une réalité construite dans la dimension temporelle du projet [1]. Ce dernier apparaît alors comme un bon moyen de clarifier et de simplifier la lecture du processus en ce qu’il correspond à la focalisation sur un espace et un temps définis et qu’il est porté par des narrateurs d’un discours appuyé sur une culture territorialisée. Le premier indice nous menant à ce propos est qu’il est rare d’obtenir une définition structurée de la culture, alors que son instrumentalisation, elle, est souvent structurante. En somme, il n’y aurait pas par essence des attributs culturels qui définiraient un espace et ses habitants. La culture se produit et se consomme dans la pratique citoyenne propre à la territorialisation. Nous pourrions ainsi définir la culture comme un commun en considérant, avec Dardot et Laval (2015), que « seule une pratique de mise en commun peut décider de ce qui est « commun », réserver certaines choses à l’usage commun, produire les règles capables d’obliger les hommes. En ce sens, le commun appelle à une nouvelle institution de la société par elle-même : une révolution ».

En creusant cette perspective, nos premiers résultats nous ont montré que se construisent deux formes de cultures en interaction dans le projet. La première correspond à une sphère que l’on a considérée comme englobante ; elle permet à l’auteur du projet de mettre en cohérence son action avec le collectif (processus culturel). La seconde peut alors être définie d’englobée ; y sont mobilisés explicitement des objets, produits et attributs « culturels » au service du projet, dans l’engagement.

1.1 La sphère englobante de la culture territoriale

La référence culturelle mobilisée dans une acception « englobante » permet de distinguer ce qui détermine les formes d’action et les objets de l’action. Il ne faut pas voir ici la cause des motivations inconscientes sur un processus d’autodétermination (Deci & Ryan, 1985), ni d’un habitus dans les pratiques sociales au sens bourdieusien (cf.p.e.1979), mais la simple capacité des codes, normes, valeurs, principes… à autoriser ou non le passage de flux relationnels. La sphère englobante de la culture territoriale constituerait ainsi la cristallisation temporaire de ces flux, accentuée dans le lieu et le temps du projet. Son rôle structurant, à la fois plus large et moins thématisé que les « cités » que Boltanski et Thévenot (1991) construisirent pour définir des mondes d’appartenance justificative, lui donne un pouvoir englobant sur les ressources et acteurs du projet. Cette forme de culture se territorialise lorsqu’elle devient actant dans le projet. La culture est alors appréhendée d’une part, selon une logique d’identification et de distinction d’un territoire, d’autre part, comme un instrument de cohésion interne (le liant). En se territorialisant, elle devient faite « des savoirs, des valeurs, des normes et des symboles partagés par certains acteurs de façon discriminée vis-à-vis d’autres acteurs » (Pecqueur, 2004, p.1). C’est de cette façon qu’elle est souvent considérée comme pouvant contribuer au développement local [2]. Elle résulte d’une longue construction inscrite dans l’histoire du territoire, de la mobilisation de ses ressources, du développement d’activités associées, de crises, d’innovations (techniques et sociales) et de construction de nouvelles ressources. Cette approche révèle une forte diversité des formes et de leur intensité. Au-delà des espaces à forte identité, « objectivés par un patrimoine monumental caractéristique, des pratiques traditionnelles, une langue, des œuvres consacrées ; des territoires plus modestes peuvent également trouver leur cohérence à travers des références identitaires communes et/ou l’existence de profonds liens sociaux entretenus à l’occasion d’activités diverses, notamment symboliques » (Landel, Teillet, 2006).

C’est donc dans un sens proche de celui que lui confère l’anthropologie que la culture peut constituer un élément déterminant pour circonscrire un territoire (Levy-Strauss, 1983) qui devient le cadre du projet. S’il en résulte un risque d’enfermement particulariste [3], ces dynamiques culturelles peuvent aussi constituer une forme de résistance à l’homogénéisation des pratiques et à la dilution des identités, par la mise en valeur de formes d’expression entretenues ou réinventées dans les pays et les régions, et donc constitutifs des projets de territoires. Cette culture processuelle devient un atout lorsqu’elle contribue à accompagner la capacité d’un territoire à renforcer son autonomie au travers de la construction d’un système de valeurs, règles, de normes et de principes qui lui soient propres, tout en lui permettant de participer au dialogue interterritorial. L’habitabilité de l’espace du projet apparaît ici fondamentale. Elle résulte d’un bon équilibre entre les pratiques historiques et les représentations territoriales projetées par l’action en cours. Toutefois, ces enjeux culturels, à forte coloration identitaire, devront s’articuler dans le cadre de la constitution d’un territoire et plus largement, de son développement avec des enjeux économiques, sociaux ou environnementaux, dont il n’est pas certain qu’ils conduisent à procéder aux mêmes découpages de l’espace physique ou administratif. Par exemple, les bassins d’emplois ou les bassins de vie ne sont pas nécessairement pourvus d’un référent culturel commun. L’interrogation sur la dimension culturelle des territoires devra donc tenter d’évaluer la place du culturel parmi les facteurs permettant de dessiner le territoire [4]. La spécification de l’échelle spatiale doit ainsi être questionnée - nous y revenons avec les exemples que nous avons sélectionnés plus bas – car elle détermine en partie les capacités d’un territoire à produire de l’engagement citoyen.

1.2. La sphère englobée de la culture territoriale

L’autre sphère, considérée comme « englobée », ne se détache pas de la logique de la sphère englobante. Elle est à la fois ce qui est objet de l’action, c’est-à-dire ce qui fonde les objectifs du projet, et l’ensemble des « objets » culturels mobilisés pour y parvenir. Elle se forme, déforme et reforme donc en même temps que le projet. Si elle intervient a priori comme postérieure à la cristallisation des flux relationnels, elle s’avère également comme élément en interaction avec la sphère englobante, puisque l’englobant à besoin de l’englobé pour être. Ainsi, des comportements, des savoir-faire, des techniques, des connaissances... seront accumulés pour appuyer la stratégie du projet. Cette première approche très large inclut également l’ensemble des activités et pratiques, ainsi que leurs formes d’expression, leurs produits et leurs mondes de référence (musique, cinéma, peinture, jeux vidéo…mais aussi habitat, entrepreneuriat, sport, écologie, politique, etc.) dont il appartient à chacun de se positionner par rapport à la définition sociétale. En effet, la culture n’est pas exclusivement constituée d’attributs, elle se définit également en fonction des pratiques, cela va sans dire, et de ses espaces de référence. Le patrimoine est-il ainsi un bon exemple de légitimation d’un territoire (Micoud, 1999) et de sa capacité à coïncider ponctuellement avec un « espace culturel » (Claval, 2003).

Pourtant, cette notion de culture plus ou moins consciemment utilisée pour procéder à la détermination d’un territoire cohérent ne coïncide pas nécessairement avec celle dont usent tacitement les acteurs du projet. La polysémie du mot « culture » est telle qu’il faut s’intéresser à l’articulation - possible ou délicate - entre ces conceptions. Des professionnels de la culture ou des associations ont la possibilité d’agir à l’intérieur de ces limites anciennes et/ou de développer des partenariats avec d’autres territoires plus ou moins éloignés. Ce faisant, ils vont participer à la construction de nouveaux liens, au travers de réseaux de diffusion artistique ou d’aires de rayonnement d’institutions culturelles. Des projets dans le champ du spectacle vivant ou du cinéma peuvent, en effet, servir au développement d’une solidarité de « pays », reposant sur un partage ou un « échange » de ressources.

1.3. Le problème initial : quelle relation entre les deux sphères ?

Le « fossé infranchissable » entre deux cultures définies par Michel Maffesolli (1988), en l’occurrence entre une « culture savante » et une « autre culture ; celle des sentiments communs », procède d’une séparation plus ou moins nette entre différentes représentations et différentes expériences des espaces. Peut-on poser la question en des termes similaires lorsque la lecture des sphères culturelles ne les distingue plus verticalement, mais les juxtapose sur un plan horizontal comme nous le postulons ? Au regard du travail de Michel Marié et Jean Viard sur la campagne française (1977), il semble que cette question puisse confortablement s’ancrer dans une épistémologie des sciences sociales. Pour Marié et Viard, cultures rurale et urbaine, paysanne et industrielle, se distinguaient selon leur pratique et représentation d’une campagne alors scindée en deux ; principalement par des modes d’habiter radicalement différents.

Pourtant, l’ascendance d’une culture sur une autre ou la brisure conceptuelle entre des conceptions distanciées des espaces de vie n’imposent pas de penser la fixation des formes sociospatiales observées. Bien au contraire, et la pensée complexe aidant, la distinction s’affichant comme préalable à la réunion (Morin, 2005), c’est bien la coexistence de sphères culturelles en un même espace que nous interrogeons. D’un point de vue géographique, cela nous renvoie de nouveau à la question de l’échelle, aux espaces perçus et aux lieux de pratique. Le schéma n°1 illustre ce questionnement.

Schéma n°1 : L’interaction incertaine entre les 2 sphères de la culture territoriale

Canova, Landel, 2017

1.4. La territorialisation de la culture par le projet

Pour suivre notre raisonnement, il convient d’aborder ces deux sphères dans une relation dialogique plus que dialectique, comme le préconise l’analyse des différentes phases du projet (construction – justification – application). Il s’agit d’exprimer la fusion en une unité complexe (c’est-à-dire à la fois complémentaire, concurrentielle et antagoniste) de ce que représente la culture territoriale. On considérerait ainsi « que deux ou plusieurs logiques, deux principes sont unis sans que la dualité ne se perde dans cette unité » (Morin, 1982). Celle-ci se démarque de la dialectique par une acceptation du maintien de la différence entre les deux logiques. Elle permet de faire tenir ensemble deux logiques contradictoires, et pourtant essentielles l’une à l’autre, et de les maintenir ainsi. La culture, si l’on veut la considérer comme un monde de référence, peut et doit être abordée dans ces allers-retours entre l’universel et le particulier, le pluriel et le singulier.

C’est ainsi que des ressources culturelles de deux ordres pourraient être identifiées : les unes explicitement mobilisées dans le cadre d’actions concrètes (les savoir-faire ou les œuvres d’art par exemple), les autres à cheval entre objet et raison du développement (le patrimoine et l’identité particulièrement). En suivant cette logique, les modes de différenciation territoriale opérés par la culture se fondent soit sur une mise en exergue ponctuelle de ressources culturelles propres (langue, patrimoine bâti…), soit sur des avantages comparatifs plus pérennes, mais moins lisibles, car liés aux pratiques et liens sociaux localisés ; l’interaction entre les deux étant bien entendu permanentes. C’est alors le fruit de cette interaction que l’on nommera ’culture territoriale’.

Pour explorer cette idée, nous proposons de nous arrêter sur le processus de construction de la ressource culturelle dans quelques projets observés. Il s’agit pour nous de montrer les impacts de chaque sphère sur l’autre pour faire émerger les logiques de la territorialisation culturelle. Trois figures de l’interface peuvent ainsi être interrogées au prisme de notre expérience de terrain : la convergence, la divergence et la rupture. Ce sont elles qui symbolisent le processus que nous tentons de photographier. Un premier raisonnement veut que la coexistence des sphères permette la construction de la ressource territoriale ; alors que leur éloignement renverrait à une banalisation du territoire, à son effritement. Voyons ce qu’il en est.

2. L’observation des dynamiques territoriales

Après sélection de projets reposant sur une/des ressource(s) culturelle(s), des entretiens ont porté sur les conditions d’émergence d’initiatives, les dynamiques des territoires supports, ainsi que les acteurs impliqués. Le fait le plus commun est qu’en général, un projet mobilisant la culture inscrit son territoire de référence dans un contexte de difficulté, de crise, de handicap. Le projet sert, dans ce cas-là, de support aux acteurs afin d’identifier des ressources spécifiques non révélées en l’état, susceptibles de permettre au territoire de se repositionner, en fonction de son potentiel stratégique. C’est particulièrement le cas de la mobilisation du patrimoine dans des projets de développement portant sur des territoires connaissant « un déficit de développement » (Landel, Mao et Vidal, 2007).

La place de la culture dans ce processus de révélation résulte d’une interaction entre acteurs porteurs de pratiques culturelles différentes dont l’articulation est l’enjeu selon les termes de la démocratie locale. En changeant le regard d’un acteur sur le territoire, ce processus permet de détecter ce que l’ordinaire ne permet pas de voir, et d’initier un processus de construction d’une ressource territoriale (Landel et alii, 2014,). C’est ici qu’intervient principalement la sphère englobante de la culture territoriale. Cette sphère en appelle principalement à l’histoire longue du territoire. Mais elle ne se cristallise pas ou peu sur des pratiques ou des attributs culturels. Elle survole le passé, le présent et le devenir du territoire pour construire un récit où le temps importe moins que l’espace. Ce récit territorial est le principal révélateur de la stratégie des porteurs de projet et de leur capacité d’articulation.

En second lieu, la culture peut-être le support de projets de développement qui ne recherchent pas uniquement des retombées économiques. L’analyse des Pôles d’Excellence Rurale., par exemple, montre qu’elle est mobilisée dans des projets qui cherchent à impulser prioritairement une dynamique de développement local (Canova, Landel, Brand, 2011). L’objectif affirmé de ces projets est d’engranger un système de coopération entre les dimensions économique, sociale et culturelle, dans une logique de durabilité. Selon notre analyse, si la majorité des projets s’inscrit dans une logique de développement touristique, ils affirment aussi d’autres objectifs. Ceux-ci relèvent de la diffusion des connaissances, de réflexions sur l’identité du territoire, de l’accès des populations locales de leur culture, de la démocratisation de l’accès à la culture et du développement de liens entre les acteurs différenciés.

La culture implique, logiquement et nécessairement, des projets de développement particuliers. Nous avons pu constater que les logiques de développement de ces projets sont influencées par la ressource mobilisée [5]. Dans les projets étudiés, la culture utilisée comme ressource, permet d’engager un développement qui concilie les logiques de compétitivité et de durabilité, parfois antinomiques. Par exemple, le patrimoine, ressource territorialement ancrée, dispose d’une capacité différenciative qui, une fois activée, singularise le territoire support et l’extrait des modes de développement où la concurrence joue pleinement (Landel, Senil, 2009).

Cependant, pour ce qui est de la compétitivité permise par la ressource culturelle des limites sont apparues. D’une part, la capacité différenciative d’une culture isolée n’apparaît pas suffisante pour attirer des visiteurs, s’il ne s’agit pas d’un attribut « unique », tel que la grotte Chauvet en Ardèche ou la montagne Sainte-Victoire chez Cézanne. C’est donc par la présentation et la mise en réseau d’un panel d’éléments culturels que le territoire se différenciera. La façon même de mettre en valeur la culture apporte aussi une plus-value importante (Saez, Landel, Perigois, 2008). D’autre part, la capacité de la sphère englobée, seule, à engager un développement économique compétitif paraît faible. Il faut d’abord assurer la viabilité économique des projets de valorisation, c’est-à-dire faire intervenir la sphère englobante.

2.1. Formes de projets et types de relations entre les sphères culturelles

Comme nous venons de le voir, quatre formes de projets, déjà partiellement esquissées par d’autres auteurs (Davezies, 2008, Pecqueur, 2007,) peuvent être confirmées et caractérisées par la relation endogène/exogène qui définit la dynamique territoriale. Aussi, pour alimenter cette mise en perspective des dynamiques de développement, et suivant notre problématique initiale, nous proposons de se focaliser sur les types de relation entre les sphères englobantes et englobées qu’engendrent ces archétypes de projets de développement.

Schéma n°2 : quatre relations types entre les 2 sphères de la culture territoriale

Canova, Landel, 2017

Nous proposons de mettre ces quatre figures à l’épreuve du terrain à partir de l’exemple du bassin minier du Nord Pas de Calais, qui s’étend sur environ 120 km traversant les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Durant près de deux siècles, il a été le siège d’un quasi-mono industrie de la houille. En parallèle au processus de fermeture des derniers sites d’exploitation en 1990, quelques acteurs du territoire ont engagé un processus de patrimonialisation. Dans un contexte de crise radicale, le patrimoine est perçu comme la dernière ressource : « c’est quelque chose qu’on ne pourra jamais nous enlever, nous externaliser » (un élu du territoire). Sa révélation a d’abord reposé sur la mise en évidence d’une exceptionnelle biodiversité sur les terrils. Il s’est poursuivi par l’organisation d’événements emblématiques d’une mobilisation collective (embrasement des terrils). La poursuite du processus a abouti en 2012 à l’inscription UNESCO du bassin minier au titre du « patrimoine culturel vivant », comprenant plus de 343 objets différents, dans le cadre d’une gestion complexe. Il présente un « paysage culturel évolutif vivant » exceptionnel par sa continuité et son homogénéité.

Le bassin minier interroge sur la mobilisation des patrimoines dans un contexte de crise et de changement, mais aussi d’appropriation différenciée par les habitants. Une analyse de terrain souligne différentes formes, d’engagement citoyen, susceptibles d’être associées aux dynamiques mises en œuvre. La patrimonialisation remet à jour de profondes tensions, et différentes trajectoires peuvent être décrites, au travers de différents modes d’appropriation. En tout premier lieu, l’hypothèse de la « démolition », ne doit pas être occultée. Ainsi en 1985, le rapport Lacaze traite du devenir des grandes friches industrielles en France, en particulier du bassin minier. Il construit un discours où l’objectif « est de faire table rase des installations industrielles » (un élu). Cette hypothèse confirme la possibilité d’une destruction de la sphère englobante au travers d’un effacement des traces de la mémoire (Veschambre, 2008). Elle résulte le plus souvent d’une décision externe au territoire. Le projet patrimonial laisse entrevoir d’autres postures lorsque différents acteurs s’engagent dans la conservation des friches et envisagent d’autres usages.

a) La continuité ou l’enfermement de la sphère englobée dans la sphère englobante

Cette première forme vise à privilégier le maintien des activés existantes, ou au moins les patrimoines qui y sont associés. Elle serait le cas d’un territoire à forte identité, traversé de pratiques culturelles dont une des fonctions essentielles serait de maintenir et renforcer les liens sociaux existants à l’intérieur du territoire. La sphère englobée des pratiques culturelles reste enfermée dans la sphère englobante de l’histoire longue du territoire et limite les possibilités d’interaction entre elles.

Ainsi, la conservation des vestiges miniers en l’état de friches, avant que d’autres usages industriels puissent être envisagés, peut en être une forme. Il peut s’agir de la restauration de certains vestiges, tels que par exemples d’anciens chevalets rénovés et repeints qui vont marquer le territoire. L’objet est mis de côté, sans pouvoir être mobilisé dans une mise en débat vers d’autres usages que ceux pour lesquels il a été créé. Ainsi, la fosse Delloye à Lewarde (53) est fermée en 1971. En 1973, les Houillères décident d’en faire un musée qui ouvre en 1984 sous la forme d’un centre historique minier. L’ambition affichée est de mixer les publics - habitants des sites, titulaires de la mémoire d’une part, touristes d’autre part - sans transformation majeure du site et ni évolution vers de nouvelles activités.

b) La rupture entre les sphères

Une seconde forme de projet serait celle dans laquelle l’introduction d’activités nouvelles non reliées à l’histoire du territoire vient se juxtaposer aux patrimoines existants, sans qu’il n’y ait d’interactions entre eux. Dans ce cas présent, la sphère englobante et la sphère englobée divergent, pour laisser place à d’autres dynamiques impliquant de nouvelles populations et acteurs, et des ruptures dans les pratiques culturelles. C’est le cas avec l’implantation d’une piste de ski artificielle, dénommée Loisinord, sur un terril à Nœuds les mines. On se trouve dans une posture de consommation qui laisse à l’écart l’implication citoyenne dans le projet.

Cette situation peut être évoquée avec l’implantation du Louvre Lens, à proximité immédiate d’un carreau de mine refermé. L’implantation mobilise le patrimoine national, parfois présenté comme remboursement de la « dette de la nation envers le bassin minier » comme moteur d’une dynamique métropolitaine. Au travers du projet EuraLens, qui porte de très fortes similitudes avec la dynamique d’EuraLille, sont portées des ambitions de changement d’image, permettant de passer de « l’archipel noir à l’archipel vert ». Après un démarrage relativement lent sur le plan de la fréquentation, le développement de liens entre le musée et son territoire contribue à renforcer son ancrage. En 2016, la création d’une exposition temporaire consacrée aux supporteurs du Louvre Lens, au travers de témoignages et d’objets personnels connaît un certain succès. C’est une trajectoire de reconnexion qui est en œuvre, au travers d’une mobilisation d’acteurs locaux dans un processus de transformation métropolitaine.

c) L’affirmation de la sphère englobée et la bifurcation

Une troisième forme naîtrait dans la recherche d’innovation, définie comme un dépassement de ce qui existait auparavant, au travers de l’introduction d’expériences susceptibles d’accompagner la création d’activités nouvelles. L’implantation d’un projet ayant capacité à faire évoluer la sphère englobante, en proposant de nouvelles trajectoires du territoire, illustre l’affirmation de la sphère englobée. La reconversion du site minier de Wallers-Arenberg en centre de création cinématographique ouvert en 2015, à la suite du tournage du film Germinal, ouvre à de nouvelles perspectives d’activités culturelles. Il résulte d’une mobilisation de mineurs opposés à la fermeture du site, combinée à une coordination entre la Communauté d’agglomération de la porte du Hainaut, des acteurs économiques et centres de recherche sur l’image. Sans transformer de façon radicale la sphère englobante, la trajectoire laisse entrevoir de nouvelles possibilités résultant d’une dynamique citoyenne et une bifurcation vers de nouvelles activités.

d) La convergence entre les sphères et l’entrée en transition

Dans cette figure, le territoire connaît un profond renouvellement de son action culturelle, ce dernier restant relié à son histoire longue. Ce mouvement contribue à un profond renouvellement de son identité, et facilite la construction de nouvelles formes de gouvernance à partir de la coordination d’acteurs différenciés, autour de ressources nouvelles. Cette dynamique témoigne d’une capacité du territoire à rentrer en transition, à partir d’un renouvellement des ressources, mais aussi d’une capacité d’innovation dans les formes d’organisation, tout en restant ancrée dans l’histoire longue du territoire.

Cette trajectoire peut être décrite - sur la commune de Loos en Gohelle, par exemple - à partir de l’engagement des patrimoines de la fosse 11/19 dans une dynamique de transition. À partir d’un récit construit, son Maire [6] en charge depuis2001, fait état d’une transition dans plusieurs directions : culturelle (Centre Dramatique National), environnementale (CPIE), productive et énergétique (écopôle), mais aussi alimentaire, agricole, et résidentielle, au travers de nouvelles conceptions de l’habitat. Au cœur du processus, on trouve une pratique de la participation citoyenne comme forme d’engagement dans le projet. A chacun d’entre eux, on peut associer des « espaces de délibération », au cœur desquels se combinent la mise en débat d’un problème partagé, un processus de décision et une capacité de participation à l’action.

Conclusion

En interrogeant le rôle de la culture dans les projets patrimoniaux, nous constatons que l’espace et le temps qui font territoire accuse une fluidité qui impose de relativiser la définition des termes de l’analyse. La culture, en ce qu’elle a de territoriale, n’est donc pas un objet « donné », mais plutôt une construction qui s’opère dans la pratique. Elle permet en outre d’interroger le paradoxe existant dans la mobilisation des ressources patrimoniales. Cette mobilisation s’effectue la plupart du temps dans des espaces en crise alors qu’elle ne débouche que rarement sur une remise à niveau de l’économie locale. Les espaces résidentiels, par exemple, sont souvent supports d’une mobilisation symbolique de « petits objets patrimoniaux », entre expression du local et volonté de réancrage territorial. Cette double lecture du territoire, en tant que localité et en tant que référence pour l’action, si elle n’annonce systématiquement un mode d’adaptation à la mondialisation, tout du moins participe-t-elle de la construction d’autres modèles de développement où la pratique citoyenne prend forme entre initiative, accompagnement et conflit. Si l’objectif premier du développement est de « faire vivre le territoire », les modes d’action sont aujourd’hui largement diversifiés et orientés vers le monde non-marchand (Canova, Landel, Brand, 2011).

L’invocation omniprésente du patrimoine et de la culture dans ces espaces en crise permet donc la construction de ressources nouvelles. Mais il semble qu’il faille minimiser l’impact d’un projet sur la définition d’un espace par ses attributs culturels. La culture y est tiraillée entre les deux définitions proposées : sous une forme d’appropriation et de restitution d’une spécificité propre à chaque territoire et dans une dimension universalisante laissant place à de nombreuses interprétations. Nous nous interrogeons ici sur la place des représentations sociales dans les processus de construction du projet et d’effacement des réalités sociospatiales qu’implique la pratique habitante. Au cœur de ce processus, la culture territoriale est devenue l’une des principales « énergies » qui permettent la mise en projet des territoires. Peu visible, difficilement appréhendable, elle est sans arrêt remise en cause par le nœud de représentations construites par l’action plurielle. La difficulté à faire converger les deux sphères qui la composent pourrait alors être explicatif d’un certain repli sur l’identité, d’une lecture par l’enfermement et l’exclusion. C’est peut-être ici une limite de l’engagement citoyen dans la construction patrimoniale. En effet, le lien trop étroit entre gouvernance associative et gouvernement, largement assumé au niveau local (Vadelorge, 2001), empêche parfois de penser le caractère émancipateur de l’action collective.

Finalement, dans un contexte de crise de la démocratie, où le local peine à réinventer les formes de l’engagement citoyen, l’action collective est encore contrainte par le marché, l’inertie des politiques structurelles et la frilosité de certains élus. Les difficultés qu’ont les innovations sociales à s’inscrire dans les processus de construction de la ressource (et à faire modèle) illustrent notamment les limites de l’action plurielle qui reste souvent soumise à des relations instables entre ses deux sphères culturelles de référence. L’arrivée du patrimoine culturel immatériel, objet fluide par excellence, tend également à brouiller les pistes de l’inscription locale de la patrimonialisation. C’est ainsi que nous espérons animer le débat des recherches sur le patrimoine en soumettant l’idée que l’engagement citoyen légitimant la territorialisation de ressources culturelles est indissociable de l’habitabilité des espaces support de l’action. C’est en ce sens qu’une action durable passerait par une dialogie complexe entre les deux sphères de la culture territoriale faisant du projet patrimonial un nouvel espace de délibération.

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[1Nous entendrons ici par « projet » tout projet collectif de développement, sachant que le contexte de l’étude reste principalement celui de projets locaux et régionaux.

[2Il est à noter que la loi « Voynet » définit le développement durable en associant au ’progrès social’ et à ’l’efficacité économique’, la protection de l’environnement. La culture n’a donc pas été, au niveau législatif, considérée comme un élément majeur de ce concept.

[3Dont l’identité nationale cristallise les débats contemporains. Voir à ce sujet le pamphlet de Glissant & Chamoiseau, 2008, Quand les murs tombent, ed. Galaade.

[4Suivant la lettre de la LOADDT, nous parlerons dans ce cas de territoire. Comme le note Sylvie Biarez, 2000, p. 9 « le territoire est un espace limité de nature institutionnelle » alors que « l’espace concrétise des données de peuplement qui ne coïncident pas forcément avec les territoires ainsi définis ».

[5Nous nous inspirons ici des travaux relevant de la sociologie de l’action (Corcuff & Singly, 1995) qui cherchent à montrer que les logiques d’acteurs, leur rationalité, sont influencées par différents facteurs.

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